Ornements de poupe de la galère "Réale"
A la tête de la flotte des galères de France c'est la plus richement décorée. Exposée à Paris.
Ornements de la Réale, 1688 et 1694 © musée national de la Marine/L.-S. Jaulmes
D’après Jean Mathias (?-1706)
Atelier de sculpture de l’arsenal de Marseille
1688 et 1694
Noyer, tilleul et peuplier dorés
N° inventaire MnM 37 OA 5
Exposé Paris, palais de Chaillot
Cet ensemble de sculptures, miraculeusement préservé des outrages de la mer et du temps, est significatif de la décoration des navires à l’époque de Louis XIV, lorsque qu’elle devait faire « esclatter sur mer la magnificence de Sa Majesté ».
LES ORIGINES
Les galères du XVIIe siècles sont les héritières des navires à rames de l’Antiquité et plus directement, des galères médiévales qui furent les navires de guerre et de commerce des grandes cités maritimes Méditerranéennes comme Gênes, Barcelone ou Venise.
L’épouvantable carnage de la bataille de Lépante (1571) opposant 230 galères ottomanes aux 208 galères de la Ligue chrétienne montra que cette marine était vouée à disparaître, alors que les vaisseaux devenaient plus rapides, plus manœuvrables, et que leur artillerie se révélait relativement efficace.
Pourtant, près d’un siècle après Lépante, Louis XIV fit des galères de France l’un des symboles les plus ostentatoires de sa politique d’hégémonie et de prestige.
LA VIE A BORD
Devenues bâtiments d’apparat, les galères des XVIIe et XVIIIe siècles effectuent surtout des missions de reconnaissance et de sécurité le long du littoral. Elles se déplacent alors autant que possible à la voile, afin d’économiser les forces des rameurs.
Esclaves et forçats, entravés jour et nuit sur l’unique pont, mal nourris, les rameurs s’entassent dans un espace restreint, humide et malsain.
En revanche, à la poupe, l’état-major et les hôtes du capitaine dominent l’ensemble depuis la guérite couverte qui surplombe l’arrière : le « carrosse». Là se concentrent les ornements sculptés dont l’iconographie est généralement à la gloire du souverain.
LE PROGRAMME ICONOGRAPHIQUE
La Réale, à la tête de la flotte des galères de France, est évidemment la plus richement décorée.
Ici, le programme iconographique est centré autour du personnage d’Apollon, le dieu du jour, qui règne sur les saisons comme le Roi-Soleil règne sur le monde. Au couronnement le bas-relief figure l’été tandis qu’au pavois, juste en dessous, est représenté l’hiver. L’automne et le printemps se situent respectivement à bâbord et à tribord. L’ensemble est complété par des grandes figures en ronde bosse : deux tritons soufflant dans des conques surmontés de deux Renommées. Au dessus figurent deux écussons portant un L couronné et au sommet un génie ailé porte l’écusson de France.