Plan du brick négrier La Vigilante et ses aménagements intérieurs

Paris

Charles Philibert de Lasteyrie (1759-1849)
1823

Lithographie
L. 49 cm, H. 57 cm
31 OA 183

Publié en 1823, ce plan du brick La Vigilante donne à voir les aménagements intérieurs d’un bâtiment en configuration de négrier pour la traversée entre l’Afrique occidentale et les colonies américaines.

La traite négrière démarre en France en 1673. Ce sont alors les anglais et les hollandais qui dominent le commerce Atlantique. La France rattrape rapidement la concurrence et devient au XVIIIe siècle la deuxième nation négrière après l’Angleterre. Ce sont en tout 17 ports français qui participent aux quelques 3000 expéditions négrières, lançant de nombreux navires sur les routes atlantiques.

La Vigilante est un navire négrier prenant part à ces campagnes. Au départ des côtes africaines, une fois les cales vidées des cargaisons européennes, les esclaves achetés sont entassés, parfois jusqu’à 600 à bord. C’est cette étape que donne à voir la lithographie de Charles Philibert de Lasteyrie.

Les documents montrant sans détour les conditions de vie des esclaves à bords sont mis en avant par les mouvements abolitionnistes pour illustrer la barbarie de la traite. Les plans de La Vigilante sont ainsi publiés en 1823 pour décrier le système d’exploitation humaine.

Le navire négrier se distingue rarement des autres navires de commerce, exceptée parfois par la présence d’un entrepont plus volumineux permettant si besoin la création d’une hauteur intermédiaire ou « échafaud », comme sur La Vigilante. La typologie la plus populaire dès le XVIIIe siècle reste le brick qui, par sa rapidité et sa maniabilité, permet d’effectuer des traversées plus courtes pour éviter au maximum les pertes et rentabiliser le circuit triangulaire. La rapidité des bricks en fait le navire privilégié des négriers après l’interdiction de la traite suite au congrès de Vienne en 1815, pour poursuivre leur activité illicite en évitant prises et répressions.

« La puanteur de la cale, alors que nous étions sur la côte, était si insupportable et écœurante qu’il était dangereux d’y demeurer un certain temps, et on avait autorisé certains d’entre nous à rester sur le pont pour respirer l’air frais ; mais aussi, maintenant que tout le chargement du navire était enfermé, cette odeur devint littéralement pestilentielle. »

Olaudah Equiano, Ma véridique histoire par Equiano, africain, esclave en amérique, homme libre, 1789

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