Incendie du Kent, 1825

Paris

Théodore Gudin
1828

Huile sur toile
H. 259 cm ; l. 417,5 cm
9 OA 34 D
Dépôt du département des peintures du musée du Louvre

Éléments déchaînés, navire en perdition, incendie à bord - voilà de quoi inspirer le talent et la fougue du peintre Théodore Gudin qui présente cette grande composition au Salon de 1828. L’artiste n’a que 26 ans et se taille un immense succès avec ce naufrage accidentel qu’il dépeint comme un spectacle effroyable, plongeant le spectateur au cœur du tumulte.

Le premier peintre de la Marine

Né à Paris en 1802, Théodore Gudin s’engage à dix-sept ans dans la Marine américaine après un court passage à l’École navale. De retour en France, son expérience de marin l’oriente tout naturellement vers les paysages de bord de mer et les scènes maritimes.

Spécialisé dans la représentation de naufrages et de combats navals, Gudin est, dès 1830, le premier artiste nommé peintre de la Marine royale. Profondément marqué par la noyade accidentelle de son frère, Théodore Gudin est, aux côtés de l’impératrice Eugénie, l’un des fondateurs en 1865 de la Société centrale de sauvetage des naufragés. Son talent et sa proximité avec le pouvoir assoient sa renommée et lui valent de recevoir une commande sur l’histoire navale française pour le musée de l’Histoire de France à Versailles.

Une esthétique du choc

Le 28 février 1825, un vaisseau de la Compagnie anglaise des Indes orientales, le Kent, qui transporte plus de 650 personnes dont une centaine de femmes et d’enfants, rencontre un violent coup de vent dans le golfe de Gascogne. Pendant la tempête, un vif incendie se déclare à bord et menace d’atteindre la soute aux poudres. Le brick anglais Cambria, alerté par le pavillon de détresse du Kent, parvient à s’approcher du navire, mais les opérations de transbordement sont compliquées par la tempête et le naufrage fait de nombreuses victimes.

Théodore Gudin s’inspire du drame sur cette toile imposante présentée au Salon de 1828 qui lui vaut immédiatement un immense succès. La minutieuse représentation du navire en détresse, la composition organisée en longues diagonales, la puissance de la mer déchaînée et des nuages qui se confondent avec la fumée de l’incendie sont autant d’éléments qui caractérisent son œuvre. Les vagues qui font chavirer le navire sont traitées sous forme d’empâtements, qui leur confèrent un aspect presque transparent. Enfin, le grand format de la scène de désastre, l’impression d’entassement des naufragés affolés ainsi que le souci du détail accordé aux victimes tombées à l’eau suscitent chez le spectateur une intense émotion.

Oeuvres phares dans nos musées

Les oeuvres incontournables à voir lors de votre visite au musée national de la marine à Brest, Paris, Port-Louis, Rochefort, Toulon.