Histoire du musée national de la Marine

1748 est la date assignée à l’origine de la collection: l’encyclopédiste et inspecteur de la marine Henri-Louis Duhamel du Monceau offre au roi Louis XV la collection de modèles de navires et de machines portuaires qu’il a rassemblée dans les arsenaux.

Du Louvre au Palais de Chaillot

Dessin d'une salle avec un obélisque au centre Agrandir l'image : Dessin d'une salle avec un obélisque au centre
Musée de Marine, in « Paris illustré », Joanne, Adolphe (1813-1881) 1878 © musée national de la Marine/S. Dondain

1748 est la date assignée à l’origine de la collection: l’encyclopédiste et inspecteur de la marine Henri-Louis Duhamel du Monceau offre au roi Louis XV la collection de modèles de navires et de machines portuaires qu’il a rassemblée dans les arsenaux. Installée en 1752 au premier étage du Louvre près de la salle de l’académie des Sciences, la «Salle de Marine», à caractère technique, a une vocation pédagogique à destination des élèves de l’école d’ingénieurs constructeurs de la Marine.

En 1801, une éphémère galerie navale voit le jour au sein du nouveau ministère de la Marine, dans l’Hôtel de la Marine, place de la Concorde. Les Vues des ports de France, peintes par Joseph Vernet entre 1754 et 1765, y rejoignent modèles et objets techniques.

En 1827, le musée Naval est réinstallé au Louvre où il regroupe des collections dispersées dans les arsenaux et les palais officiels, tandis que des salles sont créées au sein même des arsenaux, à Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort et Toulon. Ce musée conserve tout au long du XIXème siècle une dimension technique et historique que procurent les modèles de navires anciens et contemporains, auxquels s’ajoutent des tableaux et des œuvres d’art choisis pour leur valeur de témoignage historique. La dimension ethnographique est apportée par les collections produites par des missions d’exploration et des expéditions coloniales (les ministères de la Marine et des Colonies ne font qu’un jusqu’en 1893). L’amiral Pâris, directeur de 1871 à 1893, membre de l’académie des Sciences et fondateur de l’ethnographie nautique, constitue une collection de près de 400 modèles d’embarcations traditionnelles d’Europe mais surtout d’Asie et d’Océanie qui reste un ensemble sans équivalent dans le monde. Considéré comme le sixième département du Louvre, le musée naval se déploie sur 2 000 m² dans 19 salles.

Le musée, rattaché au ministère de la Marine depuis 1919, rejoint le nouveau Palais de Chaillot construit pour l’Exposition universelle des Arts et techniques dans la vie moderne de 1937. Ses collections, mises à l’abri à la veille de la guerre, intègrent l’aile Passy de Chaillot à partir de 1942.

Au Palais de Chaillot et sur le littoral (1943-1996)

À l’occasion du deuxième Salon de la Marine, organisé du 4 juin au 3 juillet 1943, le musée présente une première sélection de modèles réduits et de sculptures navales. Centré tout d’abord sur l’histoire de la marine de guerre, le propos historique se complète peu à peu de galeries thématiques consacrées à l’exploration sous-marine, à la marine marchande, à la plaisance ou à l’hydrographie, toujours sous l’angle de l’histoire nationale. L’offre proposée aux visiteurs se diversifie: aux rêves de gloire et d’horizons lointains viendront s’ajouter la fascination pour les outils du progrès scientifique et technique, l’engouement pour la voile sportive, la nostalgie des croisières transatlantiques, l’émotion provoquée par les œuvres inspirées par la mer. Parallèlement à ce programme muséographique, un ambitieux centre de ressources documentaires est constitué afin d’accueillir chercheurs et passionnés.

Les musées du littoral, héritiers des anciennes salles des arsenaux de Cherbourg, Brest, Lorient, Toulon, éprouvés par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, sont rattachés dès 1947 au musée. En réponse à des demandes locales, d’autres implantations sont créées par la suite, gérées par les municipalités ou à travers l’association des Amis du musée de la Marine. Ce réseau, qui comptera jusqu’à 15 sites, ne résistera pas au mouvement de découverte du patrimoine maritime qui se traduira à partir des années 1980 par la création de musées consacrés aux spécificités maritimes locales.

Après avoir été menacé d’éviction du Palais de Chaillot en 1996, en raison de la création d’un musée des Arts premiers, le musée de la Marine a changé de cap et a développé un ambitieux projet de renouvellement. Un premier projet scientifique et culturel (PSC) est formulé en 1998. Progressivement, le musée se hisse parmi les grands acteurs de la scène culturelle parisienne et dans le paysage muséal maritime français. Pendant cette période, le musée se fait remarquer par ses grandes expositions : Les marins font la mode (2009); La grande aventure des phares (2012); Maturin Méheut (2013); Dans les mailles du filet (2015)... En 2016, le musée national de la Marine a renouvelé son projet scientifique et culturel (PSC) avec l’ambition de devenir LE haut lieu culturel maritime du XXIème siècle. Le chantier du site parisien, pensé comme une véritable refondation, est l’élément clé de ce nouveau PSC. Fermé au public en 2017, le site de Chaillot rouvre après 6 ans de travaux. Dans ce nouvel écrin, le musée national de la Marine se réinvente en haut lieu culturel maritime contemporain, ouvert sur le monde et sur son temps, un forum permettant la rencontre et l’échange autour des grands enjeux qui parcourent la planète bleue.

Des origines du musée à la rénovation

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