Le Havre, voiliers à quai

Paris

Eugène Boudin
Vers 1885-1890

Huile sur bois
H. 26,5 cm ; l. 21,5 cm.
2020.1.1

Amarrés à quai sous un ciel gris et vibrant, des voiliers attendent leur chargement près des grues où les hommes s’activent. La scène est quotidienne, dans cette ville du Havre en plein développement à la fin du XIXe siècle. Avec ces Voiliers à quai, Boudin ouvre une fenêtre sur les activités d’un port, nouveau et repensé.

Un port en développement

Dès 1787, une modernisation généralisée du port est lancée avec l’adoption d’un plan de développement proposé par l’ingénieur Lamandé (1735-1819). Ces travaux prévoient notamment le creusement de nouveaux bassins, dont celui de la Barre, ici représenté par le peintre Eugène Boudin. À son achèvement en 1820, ce bassin accueille aussi bien les navires de commerce que les vaisseaux militaires, jusqu’à la relocalisation de l’Arsenal en 1824. Il est ensuite uniquement consacré à la marine marchande, et principalement au transport du coton et du bois importé des Amériques à partir des années 1840.

Malgré l’arrivée progressive de la vapeur, l’âge des grands voiliers n’est pas encore révolu et les bassins sont autant de forêts de mâts que Boudin se plaît à peindre, avant leur disparition progressive.

Le peintre du Havre

Né à Honfleur en 1824, Eugène Boudin grandit au Havre où il commence son apprentissage de peintre et dessinateur autodidacte. Repéré en 1851 par la Société des amis des arts, il obtient une bourse qui lui permet d’aller étudier trois ans à Paris. Mais de retour au Havre, ses mécènes sont peu convaincus et Boudin va stagner, en proie au tiraillement entre académisme et modernité. Les amateurs et collectionneurs havrais lui commandent principalement des natures mortes, aux antipodes de ses recherches et de ses sujets de prédilection. À partir des années 1860, l’artiste trouve enfin son public et les commandes affluent pour ses représentations de bords de mer, ses plages et ses ports.

Même si le peintre apprécie peu la vie mouvementée du Havre, il consacre pas moins de 230 œuvres à la ville portuaire, et il y expose aussi régulièrement, notamment en 1868 aux côtés de Monet, Manet et Courbet. Acquise en 2020, cette toile fait entrer dans les collections du musée national de la Marine un des plus éminents peintres de marine et une figure de la modernité.

« Quoique né à Honfleur d’un père marin, je n’aurais pas l’ingratitude d’oublier que c’est la ville du Havre, où j’ai été élevé, qui m’a encouragé et pensionné pendant trois années »

Eugène Boudin par Gustave Cahen dans L’Art, compte-rendu du Salon de 1887, t. XLIII, p. 4-11.

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