Ah le mois de mai et ses ponts, ses odeurs de fleurs, ses premières cerises et… son déconfinement. Pourtant, il n’est pas encore question de sortir profiter de ce joli mai. Même quand la date du 11 sera venue, la règle sera à la distanciation et à la précaution. Il faut encore être patient, rester chez soi et ne pas céder aux chants des sirènes. En parlant de sirènes, saviez-vous qu’elles parcourent les mers mais aussi le cinéma, pour le bonheur des marins et des spectateurs petits ou grands toujours confinés ?
Car, oui, la sirène peuple avant tout les films familiaux. Peut-être en raison du fait que l’œuvre la plus inspirante consacrée à ces créatures mi-femme mi-poisson n’est autre que le fameux conte d’Andersen. C’est de lui que naît Ariel en 1989, la plus connue de
toutes les petites sirènes. Grâce à John Musker et Ron Clements, réalisateurs stars de la célèbre compagnie Disney, elle aura droit à un destin autrement plus clément (et plus musical) que son homologue danoise.
Chez Disney on est d’ailleurs très épris des créatures écaillées. Elles font une apparition dans le Peter Pan de (1953 ), elles accompagnent les aventures de Jack Sparrow dans Pirates des Caraïbes 4 : La fontaine de jouvence (2011), l’une d’entre
elles, sous les traits de Daryl Hannah, rend fou d’amour Tom Hanks dans Splash (1984), et leur rang est même rejoint par un adolescent de 13 ans dans Le garçon qui venait de la mer (1999).
Néanmoins, la compagnie à grandes oreilles n’est pas la seule à avoir offert un bel écrin à ces êtres marins. Entre deux tartines, pourquoi ne pas faire la rencontre de Ponyo (Ponyo sur la falaise, 2008), l’espiègle petite fille poisson de Miyazaki et de son ami Sosuke ? Il se peut que vous ayez sa chanson en tête pour quelques jours. L’amitié est tout autant exaltée dans l’histoire d’Aquamarine, jouée en 2006 par Emma Roberts (que sa tante Julia ne reniera pas malgré ses écailles). Parce qu’avoir une meilleure amie à ses côtés vaut mieux que toutes les histoires d’amour du monde.
Mais ce n’est pas parce que vous n’avez pas d’enfants que vous n’aurez pas droit à un peu de magie venue des océans. Georges Méliès l’a bien compris, lui qui met en scène un magicien et sa sirène dans un petit court-métrage disponible en ligne (La Sirène, 1904). Si vous aimez être troublé par le pouvoir des mythes, il existe un long-métrage irlandais portant le doux nom d’Ondine (2009), qui exploite l’étroite frontière entre réalité et imagination et fera chavirer n’importe quel cartésien. Dans Vierges, sorti en 2017, Keren Ben Rafael apporte poésie et fraîcheur à la morne vie des habitants de Kyriat-Yam où l’on aurait aperçu une étrange créature sur la plage. Un récit d’initiation tout en délicatesse.
Si la sirène fascine, elle peut également faire peur. Elle est, dans plusieurs créations, la métaphore d’une sensualité destructrice. Dans le dérangeant The Lighthouse (2019) de Robert Eggers, elle peuple les cauchemars de Robert Pattinson et annonce
la folie à venir. Pour Andrew Hull, réalisateur de Siren en 2010, la jolie Silka est un dangereux monstre assoiffé de sang. Enfin, si vous aimez les ovnis (ou devrait-on dire les omnis), les deux sirènes de The Lure devraient vous intéresser. A la fois comédie musicale, drame, film d’épouvante, cette fantaisie horrifique polonaise présentée au festival de Sundance en 2016 n’en finit pas de réinventer le mythe.
Stephen Chow est très connu en France pour Shaolin Soccer et Crazy Kung Fu. Mais il est également à l’origine en 2016 du plus gros succès au Box-Office chinois avec un film de sirène rapportant pas moins de 500 millions de dollars de recettes. The Mermaid est l’histoire loufoque et complètement déjantée d’une sirène, là encore, pas si gentille puisqu’elle est mandatée par les siens pour tuer un promoteur immobilier écocide. C’était sans compter sur l’amour qui va troubler ses plans. Autre comédie romantique, autre succès (et autre temps) pour Miranda, sorti en Angleterre en 1948, qui a vu les foules se ruer dans les salles obscures pour assister à ses aventures comiques sur la terre.
Décidément la sirène est partout. Le petit écran ne fait pas exception et regorge de séries explorant son mystère et ce, dans tous les pays du globe. L’Australie tient la dragée haute avec deux productions : H2O, diffusée au début des années 2000, centrée
sur l’amitié de trois pré-adolescentes qui se découvrent des pouvoirs extraordinaires de nageuses, et, plus récemment, Tidelands (ou Terre des marées en français), qui fait la part belle aux trahisons familiales, aux secrets enfouis, à la délinquance en tout genre et… au fantastique. En Corée du Sud aussi on lit Andersen. Surplus Princess, diffusé en 2014, est une relecture en dix épisodes de son célèbre conte, à la sauce comédie romantique. Si vous êtes plutôt intrigues policières, Sirènes vous propose une enquête autour d’un étrange cadavre retrouvé sur les plages israéliennes. La France n’est pas en reste, car les morts s’accumulent dans Une Ile, sur laquelle débarque Laetitia Casta, plus inquiétante que jamais. Enfin, les Etats-Unis ont eux aussi proposé leur histoire peuplée de nageoires. Siren est une fiction pour grands adolescents, où humains et amphibiens se combattent, diffusée sur une chaîne du groupe Disney ne démentant pas son goût pour les sirènes.
Enfin, en bonus, nous ne résistons pas à l’envie de signaler deux courts extraits rappelant les grandes heures d’Hollywood. Dans Ave César, sorti en France en 2016, les frères Coen ont fait endosser à Scarlett Johansson une queue de poisson dans
un incroyable ballet aquatique.
Ce personnage est un hommage rendu à Esther Williams, actrice officiant pendant l’Âge d’or de la comédie musicale, spécialisée dans les numéros de nage et de plongeon. On retrouve d’ailleurs le numéro qui a inspiré celui des frères Coen dans un de ses films, la Première Sirène, (Million Dollar Mermaid) biopic datant de 1952 où elle interprète une autre actrice, Annette Kellerman, féministe et grande nageuse, elle-même pionnière dans les ballets aquatiques (vous suivez ?).
Le cinéma n’est décidément qu’une longue histoire de sirènes. Qui ne va pas s’arrêter là. La sortie d’une autre Ondine, réalisé par Christian Petzold, l’un des cinéastes allemands les plus originaux de cette décennie, est normalement prévue pour septembre 2020. Souhaitons aussi à Mathias Malzieu de pouvoir remontrer son Une sirène à Paris sorti le 11 mars et qui n’aura bénéficié que de quatre petits jours dans les salles obscures.
Nous serons là pour l’accueillir comme il se doit !
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