Exposition dans les mailles du filet © musée national de la Marine/A.Fux
Aujourd’hui, nous allons parler de produits de la pêche, de chats et de maquillage. La pêche, ça mène à tout. Environ 86% de ce qui est pêché est destiné à la consommation humaine. Ce qui ferait, après de nombreux calculs très compliqués, qu’environ 14% des produits de la pêche ne sont pas destinés à la consommation humaine. Ces 14% représentent à peu près 22 millions de tonnes de poissons, crustacés et coquillages détournés de nos assiettes tous les ans. Pourquoi ?
D’abord parce qu’on laisse un peu de ce que l’on pêche à nos animaux de compagnie (surtout les chats bien sûr) et aux animaux que l’on élève, par exemple le bétail, mais aussi les poissons d’aquaculture. Ce dernier phénomène s’appelle la pêche minotière : on pêche des poissons pour nourrir des poissons que l’on élève pour ne pas avoir à les pêcher (c’est clair comme de l’eau de source).
Explication : les poissons que l’on élève et que l’on consomme en Europe sont en grande majorité des poissons piscivores, c’est-à-dire qu’ils se nourrissent (-vorare) de poissons (-piscis) (on peut aussi dire ‘’ichtyophage’’ si on a envie de paraitre encore plus intelligent : –ikhthus (poisson) –phágos (mangeur). La pêche, ça mène aussi aux langues anciennes): saumons, truites, dorades, bars et de nombreuses autres espèces ont besoin de protéines de poisson pour se développer. En Chine, par exemple, on élève au contraire des poissons herbivores, particulièrement le tilapia (qui est le poisson le plus consommé dans le monde) et la carpe. On n’a donc pas besoin de pêche minotière dans ces cas-là.
L’utilisation des produits ou sous-produits de la pêche ne s’arrête pas à la consommation des humains, des chats, des vaches et des saumons. On en fait aussi de l’engrais, ou du biogaz. De l’huile de poisson est utilisée pour la fabrication de certaines peintures ou revêtements antirouille, d’encres d’imprimerie, de caoutchoucs, d’insecticides… Cette même huile de poisson (enfin, pas tout à fait la même) est aussi très utilisée en pharmacie : c’est le cas de la légendaire huile de foie de morue. Outre les huiles, la recherche s’intéresse de près aux enzymes, polymères et autres molécules tirés des poissons et des carapaces de crustacés (sans parler des coraux !) : ils participent à la composition d’éléments aussi divers que des médicaments, des colorants pour le textile, des substances servant à la purification de l’eau, des produits de maquillage…
La pêche, ça mène vraiment à tout !
Pour en savoir plus
- La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture. Possibilités et défis. 2014, FAO – Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
- « La valorisation des co-produits », Ifremer, août 2010
M.E.C